Titre : Liés 1/2
Auteur : Aegis
Couple : Dr Rodney McKay/Lieutenant-Colonel John Sheppard
Fandom : Stargate Atlantis
Rating (G, PG, PG-13, R, NC-17) : PG13
Thème (numéro et nom) : # 13 Liens
Disclaimer : Brad Wright / Robert Cooper - MGM
Spoilers : "The Hive" (2x11)
Nombre de mots : 7052


Liés 1/2


Bien sûr tout ceci avait commencé de la manière la plus simple qu’il soit.

Un nouveau laboratoire découvert dans la ville décidemment pleine de surprises qu’était Atlantis, une nouvelle découverte technologique.

Ces simples faits étaient presque rentrés dans la routine quotidienne des explorateurs terriens.

Et pourtant…

« McKay… »

Le grognement ne surprit même pas le scientifique, qui continua à analyser les divers mécanismes de l’appareil extra-terrestre qu’il examinait depuis le matin même.

« Je ne sais pas ce qu’il s’est passé ! » cria-t-il, presque outré que la faute retombe sur lui.

« Ce qu’il s’est passé !? Nous sommes attachés, voilà ce qu’il s’est passé ! » Rétorqua Sheppard, et son ton semblait encore plus aigri que quelques secondes auparavant.

« Liés… » Ne put s’empêcher de reprendre McKay.

Le militaire le regarda avec incompréhension.

« Techniquement nous ne sommes pas attachés, mais simplement liés… » Expliqua-t-il, et il aurait peut être mieux fait de se taire si l’on en croyait le regard furieux de son vis-à-vis.

« McKay… » Reprit ce dernier d’une voix doucereuse « Croyez-moi…Vous n’avez pas envie de jouer sur les mots en ce moment… » Et ses yeux prirent soudain la teinte sadique dont le scientifique avait depuis longtemps apprit à se méfier.

Il inspira profondément et arrêta pendant un moment de triturer ses notes.

« Très bien… Au moins maintenant on sait quelle est l’une des fonctions de cet appareil…
- De lier deux personnes contre leur gré… » Répondit le militaire, en insistant plus particulièrement sur le terme « lier ».

Le physicien leva les yeux au ciel.

« Possible en effet. Maintenant si vous pouviez me laisser travailler en paix…
- Faites comme si je n’étais pas là… » Rétorqua l’officier en s’asseyant tranquillement à ses côtés, ses jambes étalées de tout leur long devant lui et les bras croisés derrière la tête.

Faites confiance à Sheppard pour considérer un artefact extra-terrestre comme une chaise longue.

Rodney ne dit rien mais son visage reflétait parfaitement le fond de sa pensée. Il détourna le regard au bout de quelques secondes passées à reprendre son calme, et reconsidéra l’appareil qui se trouvait devant lui.
A son poignet le bracelet alien clignotait toujours, indicateur manifeste de son activité et jumeau de celui qu’arborait Sheppard.

« Docteur McKay ! »
Le susnommé se retourna aussitôt vers le nouveau venu, un petit scientifique aux lunettes rondes et à la coupe de cheveux douteuse.

Radek Zelenka était accouru aussi rapidement que possible lorsqu’il avait entendu l’appel de Rodney sur leur réseau radio, et reprenait à présent son souffle.
« Que s’est-il passé ? » demanda-t-il en regardant tour à tour son supérieur (comme McKay se plaisait toujours à le rappeler) et l’officier le plus haut gradé de leur expédition.

« On est coincés… » Avoua Sheppard sans changer sa position d’un iota.

« Pardon ?
- Ce que le lieutenant-colonel Sheppard essaie de dire, c’est que cet appareil a visiblement été conçu par les anciens pour ‘lier’ deux personnes ensemble, par l’intermédiaire…de ceci » répondit McKay en indiquant le bracelet argenté.

« Vous êtes liés ? » demanda un Zelenka pour le moins incrédule, et quelque chose dans son ton sous-entendait qu’il n’avait pas forcément interprété le terme de la bonne manière.

Sheppard sembla s’affaler un peu plus contre l’appareil.

« J’avais bien dit que ce terme était mauvais…
- Parce que ‘coincés’ c’est mieux peut être ? » Râla McKay avec emphase avant de reprendre « On est lié par une sorte de champ magnétique qui s’est créé entre les bracelets et nous empêche de nous éloigner l’un de l’autre de plus de quelques mètres…
- Ce qui bien sûr ne serait jamais arrivé si notre ‘expert’ ici présent ne m’avait demandé de tester cette ‘interface passionnante’… » Ajouta le militaire avec le sourire ironique que Rodney exécrait plus que tout autre.

Zelenka les regarda tous deux dubitativement pendant plusieurs secondes.

« Vous voulez dire que vous avez testé cet appareil sans aucun autre ingénieur présent ? »

McKay se releva d’un bon et fit face à son collègue.

« Merci mais je suis encore le scientifique en charge de l’ensemble des technologies présentes en ces lieux, et je suis parfaitement capable de maîtriser la situation ! »

Et avant que Sheppard n’ait pu ajouter quoi que ce soit, il s’était retourné et lui avait jeté un regard noir.

Ce dernier se contenta hausser les sourcils d’un air indifférent et de continuer ce qu’il faisait jusqu’à présent, c'est-à-dire rien.

« Vous n’auriez pas dû faire ça Rodney, nous n’avions pas fini de… » Et devant le visage furieux de l’autre scientifique, Zelenka croisa les bras contre sa poitrine et alla même jusqu’à hausser le ton.

« Vous savez parfaitement que j’ai raison ! Les tests préliminaires et les traductions que nous avons faits montraient peut être que ce n’est pas un appareil dangereux, mais nous n’avions pas encore découvert ni à quoi il servait, ni comment il fonctionnait… Je ne vous comprend pas, vous plus que tout autre savez quelles répercussions peut avoir la technologie ancienne quand on l’utilise sans en avoir étudié tous les aspects ! »

Rodney ferma la bouche en se rappelant l’incident dont il avait été victime, peu de temps après leur arrivée, avec le ‘bouclier personnel’. Certes l’appareil lui avait conféré l’invulnérabilité comme il l’avait correctement décrypté, mais la seconde peau qui l’avait recouvert l’avait empêché à la fois de boire et manger…

« Oui enfin… Comme on le sait les anciens étaient une race extrêmement évoluée, et jusqu’à présent ils ont toujours prévu un mécanisme d’arrêt sur leurs appareils. Il suffit juste de découvrir lequel… »

Zelenka se rapprocha de l’artefact et l’examina avec attention.

« Très bien… je suppose qu’il faut juste que vous rappeliez vos dernières actions et euh… vous pouvez vous éloigner de cet appareil au moins ? » demanda-t-il avec inquiétude.

McKay et Sheppard échangèrent un regard. A vrai dire depuis qu’ils s’étaient rendus compte du lien, ils étaient restés constamment à proximité de la console de commandes, et n’avaient pas pensé un seul instant que son effet pouvait être limité dans l’espace.

D’un commun accord, ils s’éloignèrent donc à l’autre bout de la pièce.

« Bien, essayons… » Dit Sheppard, un peu inquiet que cette nouvelle tentative soit encore soldée par un échec.

« Au moins on sait qu’on est seulement liés entre nous et non pas avec cette machine… » Murmura McKay qui, une fois n’est pas coutume, était l’optimiste de la paire.

« C’est déjà ça… » Sheppard fit un pas sur le côté, puis un autre, puis commença à se déplacer franchement.

« Heyyyy ! »

Il n’avait pas fait trois mètres que leurs bracelets s’étaient illuminés et le scientifique fut soudainement happé par le lien invisible pour être traîné vers Sheppard.

« Bon ça n’a rien changé ! » cria-t-il quand il fut enfin parvennu à retrouver son équilibre.

Zelenka semblait les examiner avec une curiosité toute scientifique.

« Très intéressant… » Avoua-t-il, son accent tchèque plus prononcé qu’à l’accoutumée.

McKay essaya de retourner analyser l’artefact, mais ne put pas faire plus de deux pas.

« Colonel, s’il vous plait ? J’ai besoin d’un peu d’aide là… » Dit-il alors qu’il essayait vainement de continuer sa progression en opposition avec la force magnétique qui le tirait en arrière.
La scène en était presque comique, mais aucun des deux autres hommes n’aurait osé en rire.

Sheppard se décida à avancer, permettant ainsi au scientifique de continuer son examen.

« Pourquoi moi je peux avancer dans toutes les directions que je veux et pas vous ? » demanda-t-il finalement au bout d’un moment.

Les deux ingénieurs tout afférés à traduire l’ensemble des inscriptions de l’artefact, relevèrent la tête à cette interruption.

« Pardon ? » demanda McKay, alors que son cerveau semblait déjà quitter son analyse pour interpréter l’ensemble des implications des paroles du militaire.

« Bah oui, je pouvais me déplacer tout à l’heure c’est vous qui avez été obligé de me suivre et pourtant quand vous avez essayé de faire pareil, vous en avez été empêché… »

Zelenka remonta ses lunettes le long de l’arête de son nez.
« Ca veux dire que c’est le colonel Sheppard qui dirige vos déplacements…
- Je sais très bien ce que ça veut dire ! » Le coupa McKay dont la voix s’était muée en un rugissement furieux.

Il regarda ensuite le militaire d’un air soupçonneux.

« Ce que je voudrai savoir c’est pourquoi il a le contrôle de nos mouvements… » Poursuivit-il entre des dents serrées.

Sheppard arborait un grand sourire. Il se contenta de hausser des épaules.

« Noooon… ça ne peux pas arriver… » Gémi finalement le scientifique d’un ton où semblait déjà percer la panique.

« C’est bon, je promet de ne pas abuser de mon pouvoir… » Assura le militaire qui ne démordait pas de son sourire supérieur.

« Il faut absolument qu’on trouve le moyen de désactiver ce système ! »

McKay contournait l’appareil en prenant des notes sur son calepin déjà noirci d’équations et de schémas.

Il avait l’air passablement énervé.

« Très bien d’après nos premières conclusions cet appareil fonctionne lorsqu’on active en même temps les deux bracelets… » Dit-il avec force de gestes et en revenant à la place qu’il avait précédemment occupée avant l’incident.

« J’ai placé ma main selon les indications afin d’activer partiellement le système, mais je ne comprend pas pourquoi tout s’est mis soudainement en branle…
- Ca n’explique pas non plus pourquoi le colonel s’est retrouvé lui aussi avec un bracelet au poignet… » Ajouta Zelenka.

Les deux scientifiques relevèrent les yeux vers le militaire, qui prit soudainement l’air le plus innocent qu’il pouvait.

« Bah quoi ? J’ai juste posé ma main moi aussi… »

Dire que McKay avait l’air furieux en cet instant eut été un bel euphémisme.

« Et à quel moment vous ai-je demandé de faire une telle chose, colonel ? » exigea-t-il finalement d’un ton univoque.

« Vous avez dit qu’il fallait activer l’appareil pour que vous puissiez continuer votre étude… C’est ce que j’ai fait ! »

Rodney s’approcha dangereusement près du militaire, qui se contenta de soutenir le regard lourd de reproches.

Zelenka savait pertinemment que Sheppard ne serait probablement jamais effrayé ni même affecté par les sautes d’humeurs du chef des scientifiques - et pour cause, Rodney aboyait plus souvent qu’il ne mordait - mais en cet instant précis le tchèque eut des doutes quand à l’instinct de survie du colonel.

L’astrophysicien avait désormais le nez quasiment collé à celui de son vis-à-vis et le regard mauvais de celui qui essaie tant bien que mal de se contenir.

« Je vous ai demandé de rester de l’autre côté de l’appareil pour voir s’il y avait du changement… et qu’une fois que j’en aurai su d’avantage vous auriez pu l’activer ! » La voix du scientifique, au départ lente et mesurée, s’était muée à la fin de sa phrase en un rugissement presque bestial.

Sheppard ouvrit la bouche comme pour se défendre, mais c’était sans compter la rapidité verbale de McKay.

« Quand je pense que vous m’avez accusé d’être à l’origine de ce… de ce ligotage odieux ! Et qu’en plus c’est vous qui avez le contrôle des mouvements ! » Continua le scientifique qui était à deux doigts d’attraper le militaire par le col.

Sheppard semblait d’ailleurs avoir oublié le dernier détail de l'imputation, car il ferma la bouche subitement.

« Ecoutez, je crois qu’on est tous d’accord pour dire que le plus important pour le moment c’est de vous détacher… » Les interrompit Zelenka, remerciant au passage tous les Dieux de toutes les galaxies de ne pas avoir été à la place du militaire. « Mais avant tout, il faut en parler au docteur Weir… »

Le silence qui accueilli cette évocation était significatif.

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« Vous avez fait quoi ?! »

Assis à côté de la responsable de leur expédition, Zelenka eut presque pitié des deux hommes qui se trouvaient face à elle. D’ailleurs ni l’un ni l’autre ne semblait pressé de répondre. Finalement McKay se décida à prendre la parole, non sans avoir jeté au préalable un regard mécontent à son voisin.

« J’ai demandé au Colonel Sheppard de m’aider pour l’activation de l’artefact ancien que nous avons découvert dans le laboratoire A132, et j’étais parvenu à allumer la console mais je ne pouvais pas avoir accès à la… disons documentation interne de l’appareil. Apparemment seul le gène naturel pouvait le faire fonctionner un tel niveau… »

Weir l’écoutait patiemment, mais il paraissait évident qu’elle se fichait complètement de ce genre de détails. McKay dû s’en rendre également compte, car il poursuivit :

« Enfin… Je suis finalement parvenu à entrer dans les datas de l’appareil, en activant l’un des côtés de l’interface, et tout ce serait bien passé si le Colonel… » Il regarda de nouveau Sheppard en coin, « n’avait pas eut la merveilleuse idée d’activer au même moment le deuxième côté… Depuis nous sommes liés par ces charmants bracelets… » Finit-il en indiquant à la jeune femme l’objet métallique qui encerclait son poignet.

« Ca va j’ai déjà dit que je m’excusais… » Marmonna le responsable, en s’adossant un peu plus dans son siège, et en regardant la diplomate pour la première fois depuis le début de l’entrevue.

Weir ne dit rien mais lui lança un regard à la fois surpris et inquisiteur.

« C’était un malentendu ! » s’exclama-t-il pour toute justification.

Elisabeth, dont les compétences étaient décidément soumises à rudes épreuves, se leva subitement et s’adressa à eux.

« Bien, puisque ce n’est pas en en discutant que nous allons arranger les choses, je suppose que le mieux est encore de poursuivre vos recherches sur cette machine. Docteur McKay ? »

Le scientifique acquiesça en se levant à son tour.

Il avait du travail à faire.

Finalement la réunion avec Weir s’était mieux passée qu’il ne l’avait prévu.

« Je compte bien sûr sur vous pour vous comporter en parfait gentlemen l’un envers l’autre malgré cet incident… » Ajouta cependant une voix féminine au moment où il quittait la pièce.

Bah voyons, ça l’aurait étonné aussi.


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McKay travaillait donc de nouveau sur l’interface ancienne avec une motivation accrue, et un intérêt à la fois scientifique et personnel.

C’était bien évidement sans compter que le travail en question devait s’effectuer en présence de l’ensemble des astrophysiciens et ingénieurs de la cité, évidemment mis au courant de son infortune par la responsable de l’expédition, et surtout du colonel John – je suis une véritable épine dans le pied – Sheppard.

« Colonel comment voulez-vous que j’arrive à travailler si vous êtes constamment dans mes pattes ! » s’exclama finalement le scientifique à bout de nerfs après avoir bousculé le militaire pour la troisième fois en moins de cinq minutes.

« C’est pas comme si je pouvais me trouver ailleurs ! » s’offusqua ce dernier. « J’ai moi aussi du travail à faire et au lieu de ça je suis coincé… »

Le regard furieux de McKay lui ferma la bouche instantanément, mais avant que ce dernier n’ait pu aboyer quelque insulte particulièrement imagée, l’un de leurs « collaborateurs » l’interrompit.

Le militaire essaya alors tant bien que mal de comprendre ce qui se disait mais lâcha l’affaire dès qu’il fut question « d’activation neutronique », « champ magnétique entrant » et autres termes incompréhensibles… Il ne savait d’ailleurs vraiment pas comment les scientifiques s’y retrouvaient avec tout ce vocabulaire indigeste.

Finalement au bout de plusieurs heures de recherches malheureusement infructueuses, et après un dîner copieux – du moins en ce qui concernait McKay, qui avait bien entendu mis ça sur le compte de son hypoglycémie latente – la fatigue commença à se faire sérieusement ressentir, et chacun savait qu’il était plus que temps de se mettre au lit…

Ce qui conduisait évidement à un autre problème majeur…

« Je tient à vous prévenir que je dois impérativement dormir dans ma chambre. J’ai un matelas orthopédique pour mon dos et il est de plus hors de question que je passe la nuit dans une pièce où règne en permanence une pile de linge sale ! » Commença McKay une fois que la conversation fut entamée (avec une certaine répugnance d’ailleurs des deux partis).

« Une pile de linge sale ! Ma chambre est toujours impeccablement rangée ! Et elle est plus grande que la votre ! Il serait donc logique que ce soit celle-ci que nous occupions le temps que nous… enfin que nous trouvions la solution à notre problème ! »

Les deux hommes se fixèrent dans les yeux pendant plusieurs secondes avant que Teyla, qui se trouvait également à leur table, ne prenne la parole.

« Pourquoi ne pas emmener le matelas du docteur McKay dans la chambre du Colonel ? Je pense de toute façon que vous auriez du mal à tenir tous les deux dans le même lit… »

Les deux hommes cessèrent aussitôt de se fixer pour adresser à l’Athosienne un regard offusqué.

« Mais enfin ! Nous ne… enfin ! » Bégaya McKay choqué par une telle idée.

« Nous n’avions pas du tout l’intention de dormir de le même lit ! » affirma Sheppard, capable quand à lui de former une phrase complète, mais dont la précipitation à répondre fit hausser un sourcil à l’extra-terrestre.

« N’est ce pas cependant ce que vous faites habituellement ? » demanda-t-elle.

McKay qui venait de boire une gorgée d’un soda particulièrement riche en colorants, en recracha aussitôt le contenu.

« Pardon ?!!! » cria-t-il tout en essuyant de son visage les nombreuses gouttelettes bleues qui y étaient apparues.

Teyla regarda les deux hommes tour à tour.

« Et bien lorsque nous partons en mission d’exploration, vous partagez bien la même tente, en quoi cela est-il différent ? » demanda-t-elle, ne comprenant visiblement pas la réaction extrême de ses deux amis.

« Oui enfin… » Commença John, mais il du se rendre à l’évidence que l’extra-terrestre avait marqué un point.

« D’accord j’accepte d’aller dans votre chambre mais c’est vous qui portez le matelas ! Et je veux être celui qui dormira dans le lit. Il est hors de question que je reste par terre au milieu des moutons de poussière !» McKay avait décidé de couper court à la conversation avant que d’autres allusions tendancieuses ne fassent leur apparition.

Il se leva et commença à se diriger vers la sortie, avant de se rendre compte qu’il faisait du sur-place.

« Colonel… »


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La chambre de Sheppard était en fin de compte plutôt ordonnée, mais c’était trop demander au scientifique que de le reconnaître. Il se contenta donc de contempler l’endroit d’un œil critique avant de s’asseoir lourdement sur le lit.

« J’en étais sûr votre matelas est plus dur que du bois, heureusement qu’on a prit le mien. » dit-il en tâtant le lit à divers endroits.

John, matelas orthopédique toujours sur le bras, se contenta de lui jeter un regard mauvais, hésitant pourtant un instant à envoyer le dit objet sur l’astrophysicien.

« McKay j’ai pas que ça à faire alors si vous voulez bien vous lever et m’aider un peu, on pourrait enfin se coucher. » dit-il d’un ton lassé.

Les préparatifs pour la nuit furent bientôt bouclés, les deux hommes remerciant mentalement les anciens d’avoir conçu des salles de bains relativement petites pour leur éviter d’avoir à se trouver tous les deux à l’intérieur en même temps.

Evidemment McKay avait eut le droit de dormir sur le lit, ce qui voulait dire que John se retrouvait à présent à faire connaissance avec les moutons de poussière…

Les minutes passèrent et le militaire ne parvenait toujours pas à trouver le sommeil. Les événements de la journée se bousculaient dans sa tête, en commençant par la gaffe monumentale qu’il avait commise jusqu’à leur situation présente. Situation qui impliquait qu’il dorme par terre alors que Rodney occupait son lit, qui, malgré les remarques du scientifique, était très confortable.

Bon évidemment les choses auraient pu être pires, et ce n’était pas non plus la première fois qu’ils avaient quelque problème avec la technologie des anciens.
D’ailleurs jusqu’à présent les choses s’étaient toujours bien terminées. La preuve en était de cet accident avec le bouclier personnel qu’avait activé Rodney quelques mois auparavant, et qui même s’il leur avait fait quelques peurs, avait fini par leur être particulièrement utile dans leur lutte contre cette entité énergétique qui s’était plu à jouer à Pacman avec les habitants d’Atlantis.

Ils étaient à cette époque à peine installés dans la cité et c’était la première fois qu’il s’était rendu compte du courage que possédait bel et bien le chef des scientifiques. Courage, qui même s’il devait le reconnaître n’apparaissait que lors de situations extrêmes, leur avait maintes et maintes fois sauvé la vie.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres du colonel, alors qu’il repensait à tous ces évènements qui avaient ponctués leurs vies au cours de cette dernière année. Certains étaient amusants, d’autres tragiques, mais dans l’ensemble ils avaient toujours contribué à les rapprocher un peu plus encore…

Il étouffa un fou rire.

Evidemment question rapprochement, on ne pouvait pas faire mieux qu’avec leur dernière bévue.

Il se demanda tout de même si Rodney parviendrait rapidement à comprendre le fonctionnement de cet appareil. Il aurait pensé détester cette situation et même si entendre McKay rouspéter à longueur de temps sans avoir la possibilité de fuir, n’était pas particulièrement agréable, il devait reconnaître que les choses n’étaient pas aussi désastreuses que ça.
En fait c’était l’occasion de renouer contact avec son ami dans des circonstances autres qu’une attaque des Wraiths ou quelque problème majeur…

Sans qu’il s’en rende compte, ses yeux se fermèrent et en un instant il fut endormi.

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McKay se réveilla avec la sensation d’être tiré hors de son lit. L’esprit encore embué par le sommeil, il se demanda ce que diable il pouvait bien se passer, avant d’être littéralement catapulté hors de sa couche.
L’atterrissage se fit heureusement en douceur sur le matelas de Sheppard, lequel semblait toujours dormir comme un bienheureux, si l’on en croyait les ronflements provenant de sa direction.

Le scientifique attendit un instant que sa vision s’adapte à l’obscurité ambiante, et contempla le visage de son compagnon de chambrée.
Sheppard avait certainement bougé dans son sommeil, forçant de cette façon le scientifique à suivre le mouvement contre son gré…

Toujours était-il qu’il avait désormais techniquement la place de retourner dans son lit, sans pour autant réactiver la fonction « laisse ».
Mais alors, pourquoi était-il dans l’impossibilité de faire le moindre mouvement et qu’au contraire il se sentait de plus en plus attiré par le militaire ?
Attiré évidemment dans le sens purement physique du terme.
Enfin…
Pourquoi fallait-il que tous les mots qui lui venaient à l’esprit depuis cet accident soient à double sens ?!

Il hésita à se prendre la tête dans les mains, avant de se dire qu’il ferait sûrement mieux de réveiller le militaire s’il voulait réintégrer un jour son lit… ou dans le cas présent celui du colonel.


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John regarda avec délectation l’immense gâteau au chocolat qui trônait sur la table de conférence, se retenant à grand peine de se lécher les babines.

« Joyeux Anniversaire John ! » déclara Elisabeth avec un grand sourire, jumeau de celui qu’arborait Carson à ses côtés.

« Alors ça vous fait quel âge mon colonel ? » demanda Ford avec un sourire machiavélique.

Sheppard regarda le jeune homme avec un étonnement non feint. Qu’est ce que le lieutenant faisait ici ? Et puis il ne portait plus les marques de son infection par l’enzyme Wraith…

« John ça ne va pas ? » demanda Elisabeth d’un air légèrement inquiet.

Le militaire se tourna lentement vers elle.

« Où est Rodney ? » questionna-t-il, alors que ses yeux faisaient le tour de la salle, reconnaissant tour à tour les différents membres de l’expédition avec lesquels il s’entendait le mieux, mais ne parvenant pas à identifier le scientifique.

« John… que se passe-t-il ? » continua la jeune femme en s’approchant doucement de lui.

« Rodney… Où est-il ? » Répeta-t-il avec plus d’entrain et même un certain énervement.

« Colonel vous savez bien qu’il n’est pas là… » Répondit Beckett d’un ton calme, et était-ce de la pitié qu’il pouvait lire dans les yeux du docteur ?

« Où est-il ?! » cria-t-il alors, ses yeux cherchant toujours frénétiquement l’astrophysicien malgré les propos de l’écossais.

« Colonel, calmez-vous. Je pense que vous devriez venir à l’infirmerie avec moi… » Continua ce dernier avec compassion.

Les mots et l’attitude du médecin firent sortir le militaire de ses gonds.

« Où est Rodney ?! » hurla-t-il.

« John… »

Il tourna la tête vers Teyla qui posa doucement ses mains sur ses épaules tremblantes.

« Rodney est mort. Il a été tué en tentant de s’échapper de cette planète où nous avons été capturés par le lieutenant Ford et ses hommes… Il a voulu s’injecter une dose massive d’enzyme pour pouvoir lutter contre eux, mais la quantité était trop importante… » Dit-elle calmement.

« Quoi.. ? »

Sa voix n’était qu’un murmure. Tout ceci n’avait aucun sens. Rodney ne pouvait pas être mort ! Il s’était sauvé ! Il avait prit l’enzyme et était parvenu à s’enfuir. C’était même grâce à lui si le Daedalus était venu à leur rescousse.

« Ce n’est pas possible… » Dit-il si doucement qu’il entendit à peine ses propres mots…

« Je suis désolé mon Colonel, je n’aurai jamais cru qu’il tenterait de s’enfuir… »

Ford.

Le lieutenant le regardait d’un air sincèrement navré et son visage de nouveau ravagé par le poison qui coulait dans ses veines, était une véritable insulte aux doutes qu’éprouvait le militaire.

Rodney était mort ?

C’était impossible, il avait été soigné par Beckett après s’être injecté la drogue.

Rodney était mort ?!

« Mon Colonel… »

C’était impossible…

L’œil droit du lieutenant était humide, comme s’il regrettait réellement une chose qui ne pouvait s’être produite... Et pourtant…

Il regarda le jeune homme plus attentivement, oubliant un instant la foule qui les entourait, et les lèvres de Ford s’incurvèrent bientôt en un sourire sadique alors que son œil entièrement noir semblait briller avec malice.

« De toute façon ce n’était qu’un poids en mission… » Murmura-t-il « On est bien mieux sans lui. »

John recula d’un coup sous le poids de la surprise.

« Quoi ?
- Oh s’il vous plait mon Colonel… Vous êtes pourtant le premier à le reconnaître… N’a-t-il pas fait exploser les quatre cinquième d’une galaxie ? Ne lui avez pas si souvent reproché ses plaintes constantes, sa lâcheté et surtout son extraordinaire arrogance ?!
- Silence !!! » Hurla Sheppard en frappant le jeune homme au visage, le projetant violemment au sol.

« Colonel ! » entendit-il derrière son dos.

Ford releva la tête et, se contentant de passer tranquillement ses doigts sur sa lèvre ensanglantée, éclata de rire.

« McKay a sauvé Atlantis ! Il nous a tous sauvés ! » Cria Sheppard, se retenant à grand peine d’attraper son ancien commandant en second pour le frapper à nouveau… mais l’attitude de ce dernier n’en fut que plus insolente.

« Oui, vous lui direz ça… » Répondit-il avec ironie.

« Colonel ! »

John se mordit les lèvres, sentant la rage pulser contre ses tempes. Il voulu s’approcher de Ford mais ses membres s’engourdirent et il fut complètement paralysé.

« John ! »

Il ouvrit les yeux.


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« C’est pas trop tôt ! » marmonna McKay une fois que le militaire fut réveillé. « J’ai bien cru que je n’y arriverai jamais… et d’ailleurs vous autres militaires de terrain n’êtes pas supposés avoir le sommeil léger ? Qu’est ce qu’il se passera si on se fait attaquer en pleine nuit lors d’une mission ? Hein ? Vous continuerez à dormir tranquillement pendant qu’on se fera tous tuer ?!!
- Rodney…
- Oui je sais c’est pas le moment, seulement croyez-le ou non mais le lien s’est rétréci pendant que vous étiez au pays du marchand de sable et je ne peux plus retourner dans mon lit… Quoi ? »

John le regardait avec une intensité peu courante, du moins lorsqu’ils n’étaient pas sur le point de mourir dans d’horribles souffrances et effrayant donc logiquement le scientifique.

« Rien… Juste un rêve un peu troublant… » Murmura le militaire en détournant les yeux.

McKay lui adressa un regard suspicieux.

« Rien de sexuel ! » lâcha finalement Sheppard, lorsque le scientifique n’avait pas changé d’expression au bout de plusieurs secondes.

« Bien ! » fit ce dernier avec soulagement. « Et maintenant si vous voulez bien vous rapprocher du lit, que je puisse remonter dessus… »

Mais malgré tous leurs efforts il semblait que la hauteur du lit représentait en elle-même une distance trop grande pour le lien, et même avec un Sheppard littéralement collé au meuble, il n’y avait aucun moyen pour que Rodney puisse s’y recoucher.

« Comment est-ce possible ?! » S’insurgea le scientifique une fois qu’ils eurent lâché l’affaire. « Le lien va continuer à se resserrer avec le temps ? Si c’est le cas je demande à voir ce que ça va donner demain soir ! On ne pourra même plus se déplacer, dormir, ou… ou même manger si ça se trouve ! »

Sheppard eut un léger sourire, mais semblait pareillement étonné par un tel phénomène.
« Je suis sûr que nous trouverons la solution demain, surtout si le génie d’Atlantis dors correctement cette nuit… »

Rodney soupira lourdement et Sheppard l’attrapa par le tee-shirt pour l’allonger sur le matelas.

« Dormez ! » ordonna-t-il tout en s’étirant lui-même sur la couche.

McKay s’installa comme il put, mais la proximité de Sheppard le mettait particulièrement mal à l’aise. Pourquoi fallait-il que ce matelas soit si étroit ?
Finalement le militaire se tourna sur le côté, face au scientifique, et ramena la couette sur eux.

« Ca va comme ça ? » demanda-t-il d’une voix douce, une fois qu’ils eurent fini de bouger.

Rodney se contenta de répondre par un grognement étouffé à moitié par l’oreiller, et le militaire ferma de nouveau les yeux.

« Sauf que votre matelas est vraiment trop dur… » Marmonna au bout d’un instant McKay, avant de se rendormir.

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Sheppard ne put retenir un grognement outré lorsque la sonnette retenti au petit matin.

« Kécecé ? » Baragouina-t-il en ramenant la couette par-dessus sa tête dans l’espoir de faire stopper le bruit strident.

« Colonel ? » entendit-il de l’autre côté de la porte.

« Mmmmm… » Ses yeux se refermaient d’eux-mêmes. Il était tellement bien… Au chaud sous la couette, la tête confortablement installée sur un oreiller des plus moelleux…

« Colonel ! »

Grrrrr… On lui en voulait décidemment.

L’oreiller se mit à bouger, et il retint un nouveau râlement. Tous les éléments étaient contre lui ou quoi ?

« C’t’ouvert ! » râla-t-il avec emphase, bien décidé à montrer au visiteur qu’il n’était absolument pas d’humeur à faire la causette.

Il entendit vaguement le bruit caractéristique de la porte, suivit de pas qui s’approchaient.

Sheppard inspira profondément, appréciant le parfum indéniablement masculin qui parvint à ses narines, et se réveilla complètement.

Seulement il était déjà trop tard.

« Colonel, le docteur Zelenka voulait que je vous dise que… »

Sheppard s’était redressé d’un bon, juste à temps pour voir la jeune extra-terrestre hausser un sourcil inquisiteur devant la scène qui lui faisait face.

A ses côtés l’oreiller très confortable, qui s’avéra être en fait un McKay quelque peu échevelé, se frottait des yeux encore lourds de sommeil.

« Teyla qu’est ce qu’il se passe ? » demanda-t-il d’une voix à peine compréhensible et il semblait sur le point de se rendormir à tout moment… du moins pendant les quelques secondes qu’il lui fallu avant de se rendre compte de la situation actuelle.

« Teyla ! » cria-t-il finalement en se redressant d’un bon et contemplant avec un effarement proche de la terreur le tableau qu’il formait avec le militaire.

Tous deux avaient les cheveux en pagaille, des tee-shirts incroyablement froissés, et surtout leurs jambes étroitement entremêlées dépassaient de dessous la couette.

Oui effectivement c’était encore pire que ce qu’il avait pu imaginer.

« Je croyais que vous ne vouliez pas dormir dans le même lit ? » demanda calmement Teyla sans se rendre compte de l’imminente crise d’hystérie que risquait d’avoir McKay.

« Je peux tout expliquer ! » fut la seule stupidité que Sheppard réussi à déclamer.

Parfois il avait envie de se donner des baffes.


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Il s’avéra que la jeune femme était en fait venue les chercher pour leur faire part d’une idée qu’avait eut Zelenka pendant la nuit.
Idée par ailleurs totalement stupide si l’on en croyait McKay, qui ne se gêna d’ailleurs pas pour démonter la dernière théorie de l’autre scientifique avec force de gestes et vocabulaire technique.

Sheppard n’avait rien comprit à l’échange verbal mis à part le fait qu’ils en étaient toujours au même point.

Par chance le lien s’était « détendu » pendant la nuit et ils pouvaient de nouveau se déplacer à peu près sans encombrement.
L’origine d’un tel changement était quand à elle toujours inconnue.

La journée commença avec la même dynamique que la veille, jusqu’à ce le système d’alarme de la cité ne se déclenche, les avertissant de l’activation de la porte des étoiles.
John se précipita vers le transporteur le plus proche, forçant par la même occasion un McKay à lâcher l’écran portable qu’il tenait et sur lequel il résolvait une équation particulièrement difficile.

« Colonel, vous auriez pu au moins prévenir ! » râla le scientifique une fois qu’ils furent à proximité de la salle d’embarquement ; la première partie de leur voyage ayant été uniquement ponctuée par les cris outrés de ce dernier.

Mais le militaire se dirigeait déjà vers Elisabeth qui discutait avec le nouveau responsable de la porte.

« Que se passe-t-il ? » demanda-t-il, une fois que la jeune femme se fut tournée vers eux.

« Aussi incroyable que cela puisse paraître, il s’agit d’un message du lieutenant Ford » expliqua-t-elle avec une certaine réserve.

« Ford ? » Rodney eut un sourire, rassuré d’apprendre que le jeune homme était toujours vivant.

« Il a envoyé l’adresse d’une planète et souhaite votre présence sur les lieux. »

Sheppard regarda sa supérieure avec attention.

« Quand pouvons-nous partir ? » demanda-t-il.

Elisabeth lui adressa un regard surpris.
« Colonel vous savez parfaitement que je ne peux pas vous laissez y aller tant que vous et le docteur McKay êtes toujours connectés par cet appareil. Ce serait beaucoup trop dangereux…
- Mais enfin si ça se trouve il ne souhaite que discuter. Et si d’aventure il veut retenter une expédition suicidaire contre les Wraiths, il est bien évident que nous allons refuser… On a bien vu ce que ça a donné la dernière fois !
- Peut être, mais dans l’immédiat j’envoie le major Lorne et son équipe. Et… » Ajouta-t-elle alors que Sheppard ouvrait la bouche pour la contrer « je suggère que vous et le docteur McKay continuiez vos recherches sur cet artefact, qui pourrait bien nous être utile un jour. »

Sur ces mots elle tourna les talons, et contacta par radio le commandant en second d’un Sheppard particulièrement frustré.


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« J’en ai assez ça n’avance pas ! »

John Sheppard était d’une humeur désastreuse depuis que Weir avait décidé que Lorne partirait en mission alors que lui, pourtant chef du personnel militaire de la cité, était coincé dans un laboratoire à observer des scientifiques…

« Colonel, on fait tout ce qu’on peut ! » Rétorqua McKay, mais en vérité il commençait lui aussi à atteindre les limites de sa patience… Seulement, il était sur la base la personne la plus indiquée pour comprendre le mécanisme de l’artefact extra-terrestre, et comptait bien y parvenir.
De toute façon, il n’y avait pas d’autre choix. Il n’allait quand même pas passer le restant de son existence attaché au militaire !

Et puis pour être complètement honnête il n’avait que moyennement envie de partir en mission on ne sait où, avec une bande de guerriers accrocs à une enzyme Wraith…

Sheppard quand à lui se retenait à grand peine de faire les cent pas. Finalement, il aurait du prendre « Guerre et Paix » avant de rejoindre le laboratoire, ça lui aurait au moins fait une distraction.

« D’accord… » Rodney marmonna comme à contre cœur au bout d’un moment. « Je suppose que nous pourrions faire une pause… »

John fut sur pieds avant même que l’astrophysicien ait pu finir sa phrase.


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« Quand je parlais de pause, je pensais plus à un repas tranquille au MESS ou à une petite promenade… » Gémit Rodney en adressant un regard implorant au militaire.

« Oh allez McKay, on a besoin de se défouler ! Et puis je vous signale qu’en tant que membre d’un équipe d’exploration, vous devez vous maintenir en forme et savoir combattre !» Affirma Sheppard en sautillant d’impatience sur le tapis qui recouvrait la salle de sport.

Rodney, vêtu tout comme John d’une tenue de sport, semblait beaucoup moins enjoué à l’idée de prendre un cours d’autodéfense.

« Vous m’avez déjà enseigné plusieurs techniques… » Maugréa-t-il sachant toutefois qu’il n’y avait désormais aucun moyen de faire changer le militaire d’avis.

« On peut toujours s’améliorer ! » affirma ce dernier en commençant un échauffement rapide. « D’ailleurs moi-même, j’apprécie toujours un petit entraînement avec des combattants émérites.
- Oui c’est d’ailleurs pour ça que vous acceptez toujours avec beaucoup d’entrain de vous entraîner avec Ronon… » Répondit McKay avec ironie.

Il reçu un grognement pour toute réponse, et pensa pendant un cours instant que taquiner Sheppard dans de telles circonstances était peut être une très mauvaise idée, avant que ce dernier ne se précipite vers lui.

McKay fit instinctivement un pas sur le côté, évitant de justesse la prise que le militaire était sur le point d’effectuer sur sa personne.

« Pas mal, » concéda John avec un sourire « mais je vous ait déjà dit de ne pas rester statique comme ça, vous êtes une cible trop facile.
- C’est injuste Colonel, vous pouvez vous déplacer dans toutes les directions alors que moi je suis bloqué à cause du lien ! » Affirma le scientifique en suivant toutefois les conseils du militaire.

Le sourire amusé de John s’agrandi un peu plus, et il arrêta de sautiller.
« Très bien dans ce cas je vais vous apprendre quelques prises… » Dit-il en s’approchant si près de son ami, que ce dernier pouvait sentir son after-shave.

« Encore une excuse pour m’envoyer au tapis en toute légalité… » Balbutia ce dernier, en baissant les yeux. La proximité du militaire avait la fâcheuse habitude de le mettre mal à l’aise, et il pouvait déjà sentir ses joues s’empourprer.

« Allons Rodney… Si vous suivez mes conseils, c’est vous qui m’enverrez au tapis. » Murmura John, et le scientifique aurait presque pu croire que l’autre homme flirtait avec lui.

« Tenez, attrapez mon tee-shirt, là… voilà, et ensuite essayez de crochetez ma jambe avec votre pied droit. C’est une prise toute simple et qui a l’avantage de pouvoir être améliorée avec un peu d’expérience… » Expliqua le militaire tout en mimant les différents gestes.

« Voilà, rentrez votre épaule pour ne pas vous faire mal lorsque le corps de votre adversaire sera déséquilibré… Vous y êtes ? »

Rodney s’exécuta avec attention mais dès que le colonel commença à tomber au sol, il fut lui-même attiré par la chute et atterri lourdement sur le corps de son adversaire. Leurs lèvres s’entrechoquèrent sans violence en un baiser imprévisible, et le scientifique se sentit rougir violemment.
John quand à lui le regardait avec une intensité déconcertante. Ses lèvres entrouvertes semblaient l’inviter à recommencer, et Rodney fut comme attiré par cette vision si fantasque mais en même temps si désirable.

Si le militaire était récalcitrant à une telle confirmation de cet acte, il n’en montrait rien. Ses yeux verts aux pupilles dilatées s’accrochèrent à ceux de McKay et sa respiration s’accéléra imperceptiblement alors que ce dernier, après un léger moment d’hésitation, approchait lentement son visage du sien…

« Colonel Sheppard ? »

Rodney bondit littéralement sur ses pieds, alors que John enclenchait à contre cœur son intercom.

« Docteur Weir… » Répondit-il avec une certaine impatience.

« Pourriez-vous venir en salle d’embarquement ? » répondit la jeune femme à travers le réseau radio de la cité.

John jeta un coup d’œil au scientifique qui était à présent en pleine contemplation du tapis qui recouvrait la salle, et répondit d’un air absent.

« On sera là dans une minute… »


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Le voyage jusqu’à la salle d’embarquement s’était fait dans un silence gêné et chacun des deux hommes semblait porter une attention toute particulière à ne surtout pas rencontrer le regard de l’autre.

Par chance, ils étaient relativement proches de la salle d’embarquement et furent rapidement accueillis par celle qui gouvernait l’ensemble de la cité.

« Colonel Sheppard, Docteur McKay »

La jeune femme les accueillit avec amabilité mais quelque chose dans son ton indiquait qu’elle les avait contacté pour faire face à un nouveau problème.

Derrière elle le major Lorne et ses hommes affichaient des expressions similaires.

« Que se passe-t-il ? » demanda aussitôt Sheppard qui semblait avoir complètement oublié le malaise qui l’habitait quelques instants auparavant.

« Le major Lorne revient de la planète indiquée par le lieutenant Ford, seulement ce dernier a refusé de traiter avec lui… »

Sheppard se passa une main sur les yeux. Ford était certainement le gamin le plus entêté qu’il lui avait jamais été donné de rencontrer et il était certain qu’il ne changerait pas d’avis.

« Nous avons été tentés de laisser les choses là où elles en étaient… » Poursuivit Weir en jetant un coup d’œil à l’équipe d’exploration qui venait de revenir, « mais il a affirmé savoir où se procurer un ZPM, et ne veut faire affaire qu'avec vous..."

Fin de la première partie